Explications tactiques d'Angel Marcos sur les 23 joueurs retenus.

Pour notre consultant Angel Marcos, Bafé Gomis est le seul joueur des 23 Bleus à avoir gagné sa place mardi contre l'Equateur. Il commente ici les points les plus chauds du groupe retenu par Raymond Domenech pour aller à l'Euro.

Si la présence de Gomis est logique, l'absence de Mexès n'est pas compris par Angel Marcos.

POURQUOI GOMIS ? : «C'est à l'évidence la deuxième mi-temps contre l'Equateur qui a conduit Raymond Domenech à la retenir. Après un tel match, il était impensable de ne pas le choisir, même si l'idée première du sélectionneur, dans la mesure où Trezeguet n'était pas là, était d'avoir Cissé dans les 23. Mais quand on joue avec le feu, on se brûle ; évidemment, il vaut mieux de se brûler comme ça. Il n'imaginait pas que son joueur ferait cette deuxième mi-temps : deux buts superbes, deux autres occasions, et surtout une qualité de déplacement qui a changé le match. Gomis, à la base, est un buteur, un joueur qui a le talent d'être au bon endroit. Pour ceux auxquels ses seize buts en championnat avaient échappé, ce qui était frappant à Grenoble, c'était son jeu en mouvement sans ballon. Il se déplace très bien tout en ayant une présence athlétique importante. Cette facilité qu'a eue l'équipe à le toucher a souligné avec plus de précision encore l'impuissance de la première période. Il était impossible d'atteindre les attaquants ! Grâce aux déplacements de Gomis, on a retrouvé Anelka, et tout s'est enclenché. L'équipe a joué plus haut, a réussi plus de passes, l'Equateur a eu plus de mal à sortir le ballon. C'est surtout ça, plus que les deux buts, qui explique sa présence. Il a des qualités de footballeur qui s'ajoutent à son registre de buteur. Dans la mesure où le choix était fait de partir avec quatre attaquants, il était impossible de ne pas le retenir.»

UNE LISTE EN 8-8-4 : «Le sélectionneur a doublé les postes mais contrairement aux apparences, le 4-4-2 n'est pas inéluctable, loin s'en faut. On peut faire le parallèle avec 2006, mais en étant très prudent. L'équipe avait joué tous ses matches de préparation avec deux attaquants, avant de jouer la Coupe du monde en 4-2-3-1. Pourquoi ne recommencerait-il pas après son 4-4-2 de l'Equateur ? Le problème est différent. A l'époque, il avait Zidane dans son équipe. Rien ne l'empêche cependant de jouer avec un attaquant et Nasri en soutien, ou Ribéry. Il faut se souvenir que le meilleur match de l'équipe de France ces dernières années, c'était contre l'Italie en septembre 2006 (3-1), avec Ribéry dans l'axe, Govou et Malouda sur les côtés.»

NASRI SUR UN CÔTE ? «Nasri peut parfaitement jouer sur un côté. Il y a des tonnes de joueurs dans son cas, au profil axial, mais capables de jouer dans un couloir. D'ailleurs, avec un latéral qui monte beaucoup, comme Evra ou Sagnol, le jeu se développe naturellement avec un Nasri qui laisse le couloir au défenseur et se déplace dans l'axe. De manière générale, Nasri se déplace partout. C'est un garçon qui joue derrière deux attaquants, doté d'un gros volume de jeu car il est capable de se déplacer beaucoup. Par rapport à Ben Arfa, il est plus mûr, il a un volume plus important dans un collectif. Ben Arfa est plus un détonateur. Il fait de bonnes choses, mais il lui arrive d'énerver par ses pertes de ballon, comme Cristiano Ronaldo il y a quelques années. Avec Govou et Nasri, Domenech a deux joueurs capables de jouer à droite. Cela veut dire qu'avec Malouda, Ribéry fera peut-être office de milieu gauche. On peut, dans ces conditions, comprendre l'absence de Ben Arfa. Même si on pouvait aussi imaginer une liste avec sept défenseurs (sans Boumsong ou Squillaci, puisque Abidal est une solution axiale), quatre attaquants et les deux «petits».

MEXES ABSENT : «C'est incompréhensible. C'est un choix qui me semble frôler l'injustice. En plus, ça ne fait pas trois mois qu'il est bon. Il enchaîne les bonnes saisons. Il a tout : c'est un redoutable défenseur, tacleur, bon de la tête. Il a la qualité technique, la puissance, l'expérience et une certaine jeunesse. Il est le meilleur défenseur central français, en tout cas le plus doué. Ses concurrents sont peut-être joueurs plus faciles à gérer. Il faut observer qu'ils sont tous de très bons joueurs de tête, notamment Squillaci. Mais d'un point de vue défensif, Mexès n'est inférieur à aucun des joueurs de la liste. Il est plus technique. Paradoxalement, c'est peut-être ce qu'il a desservi. Il joue dans une équipe - l'AS Roma - qui joue au football «au départ de l'action». Pour cela, il faut parfois prendre des risques. Peut-être le sélectionneur trouve que Mexès assure un peu moins les premières passes, que comme il est un meilleur joueur de ballon, il prendra des risques dangereux. »

LANDREAU ABSENT : «Sur le fond, la décision de Raymond Domenech est logique. Frey a commis une erreur à Kiev mais il a été brillant le reste du temps. Quant à Landreau, ses difficultés ne sont pas récentes. Pourquoi donc avoir attendu le dernier moment ? Depuis des mois, le sélectionneur dit que gardien est un poste particulier, que la hiérarchie n'est pas remise en cause. Pourquoi avoir fait jouer 45 minutes à Frey et Mandanda, mardi, en laissant croire que la troisième place était déjà jouée ? Je ne peux pas croire qu'en 45 minutes, Frey et Mandanda aient gagné leur place contre l'Equateur. Cela s'est joué avant, en toute logique.»

j'aime bien Marcos il connait bien le foot